Au plus on avance, au moins y'en a !*

Combien de temps mettez-vous pour planifier vos vacances ? Et si vous prévoyez un grand et long voyage, avez-vous besoin d’y réfléchir très longtemps à l’avance ? Un an ? 2 ans ? 3 ans peut-être ? Connaissez-vous le nom scientifique du pousse-pousse à désherber ? Avez-vous déjà entendu les conneries de Guy ? Quel métier font les parents de Victor ? Comment s’appelle l’âne malade de Laurent ? Et Corentin, il vient d’où ? Et aimez-vous avoir la sensation d’être utile à quelque chose ? Vous vous demandez bien pourquoi on vous demande tout ça ? On va vous expliquer.
Hier matin, on a démarré à 10 ou 12 dans le champ de betteraves de Patrick et Isabelle. Quand on est arrivé, Patrick nous a prévenus : « On en a pour la journée, c’est encombré de mauvaises herbes. Oui, ça va être long ! » Nous, on n’a rien dit mais intérieurement, on râlait déjà !
Il a alors sorti de sa voiture une houe maraîchère (communément appelée pousse-pousse), une flopée de petits couteaux et des bouteilles d’eau. On s’est agenouillé ou assis sur notre séant et on a commencé à enlever ces p… de mauvaises herbes sous un soleil qui chauffait déjà bien.
Puis d’autres amapiens sont arrivés, y’avait même des nouveaux, « bonjour, moi, c’est Eve », ils ont aussi pris un petit couteau et les allées se sont éclaircies au fur et à mesure des blagues de Guy, des bêtises de Victor, de Michel ou des Francks…
Christine a mis de la crème solaire aux petites, le fils de Sonia a joué avec sa pelleteuse, Marie-Eve s’est étirée dans le champ, Viviane n’a rien dit mais son mal de dos se réveillait…
Puis d’autres amapiens sont encore arrivés, Anne, Mathilde, Hubert, Annette, Cédric…. et on allait de plus en plus vite pour désherber toutes ces allées de betteraves. Quand certains disaient qu’ils n’aimaient pas les betteraves, d’autres donnaient des recettes.
Et le temps a filé. Nous, on avait prévu de repartir à 11 h. Ben oui, nos valises ne sont pas encore prêtes !
A 11 h, quand on a relevé la tête, dans le champ de betteraves de Patrick et Isabelle, on était 22 !
Avec le sentiment d’avoir servi à quelque chose, on s’est dit qu’on avait vraiment bien travaillé et qu’on aurait de belles betteraves bio cet hiver mais qu’Isabelle et Patrick faisaient vraiment un boulot de fous !
Lise partait aussi, avec Clémentine et Victor (le fils de profs). Et Patrick et Isabelle nous ont dit qu’on avait vraiment bien travaillé et que si ça continuait comme ça, ils pourraient même faire une journée de break le 14 juillet et s’octroyer quelques heures de repos, peut-être même qu’ils partiraient.
A la mer ? A la campagne ? Ils ne savaient pas encore.
Et Corentin, le Normand, en contrat chez les Ruhant, ferait peut-être aussi une journée de break.
Et on s’est dit que ce serait chouette si, grâce au coup de main de tous ces amapiens, ils pouvaient se reposer un peu. Nous, on a de la chance, on a le temps de réfléchir à nos prochaines vacances. Eux, pas vraiment !
On s’est dit enfin qu’on avait passé une p… de bonne matinée, avec des gens sympas, drôles, intelligents, cultivés…, qu'on espérait qu'ils finiraient vite les betteraves et on a croisé les doigts pour que le Dude (l’âne de Laurent), aille mieux.
Odile B

*Citation de Patrick Ruhant, champ de betteraves d'Houplines, 11 juillet 2015

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